Départ
: mardi 17 janvier 2012 à 17h45 UTC, de Mindelo au
Cap Vert.
Arrivée
: jeudi 2 février 2012, à 17h UTC, au Cul-de-sac du Marin, en
Martinique.
Distance
parcourue : 2100 milles marins soit 3889 kilomètres.
Nombre
de quart : 48 quart chacun, soit 3 quarts de 2 heures par jour.
Durée
du voyage : 16 jours
Le
projet au départ : naviguer autour de l'Atlantique, d'est en ouest.
Pour relier les deux il fallait traverser. Traverser un océan
c'était un peu l'apogée de ce voyage. Quand on en parlait à
l'époque on trouvait ça dingue. Passer quinze jours en mer, au
milieu de l'eau à 360 degrés. Et bien maintenant qu'on l'a fait, je
peux vous dire que c'était pas si fou. Traverser l'Atlantique c'est
prendre l'autoroute du soleil. C'est une grosse routine pendant
laquelle tu répètes chaque jour les mêmes gestes. Tu prends ton
quart, tu cuisines, tu manges, tu fais la vaisselle et tu choisis le
moment où tu vas asphyxier les autres avec ton popo.
Bien
sûr on a bénéficié d'excellentes conditions : les alizés bien
établis, une navigation au portant (c'est à dire que le vent pousse
par l'arrière), un réglage de voiles confortable et un pilote
automatique qui tient la route. Le capitaine a opté pour 2 voiles à
l'avant : le génois et le foc de route tangonné, pas de grand-voile
= pas d'empannage. Ces bonnes conditions nous ont permis de vivre
tranquillement au fil de l'eau. Jouer aux cartes, bouquiner, faire
des mots fléchés, jouer de la guitare et chanter dans le cockpit
ont fait notre quotidien de transat.
Et
finalement, avec le recul, nous avons fait des traversées bien plus
courtes et bien plus éprouvantes, voire bien plus dangereuses !
Alors
bien sûr c'est quand même 16 jours que tu passes dans un espace
restreint, à l'intérieur, puisqu'à l'extérieur s'étend
l'immensité de notre planète. Bien sûr tu côtoies uniquement les
3 autres membres de l'équipage, les quelques poissons volants et les
oiseaux de l'océan. Il y aussi toutes ces algues qui tapissent la
mer, 2, 3 cargos à l'horizon et c'est tout. De l'eau, de l'eau, de
l'eau.
Avec
le téléphone satellite on était pas vraiment coupé du monde. On
envoie et on reçoit des textos. Et puis il y a la carte sur laquelle
on note notre position et observe notre avancement.
Un
truc auquel je ne m'attendais pas du tout, c'est la chaleur ! On cuit
au soleil. Il fait tellement chaud qu'on porte des vêtements amples
pour se protéger. Cette chaleur fait qu'on élimine pas mal ce qu'on
mange et boit. En parlant de nourriture, je dois dire qu'on était
bien lotis. Notre avitaillement fait en Bretagne en octobre dernier a
payé. Les bonnes boîtes de conserve de France nous ont surpris de
jour en jour. Bien sûr on a pêché, mais seulement 3 dorades
coryphènes et un serpent de mer tout moche... Nous avions pourtant
passer un pacte avec la mer, on sort la traîne tous les 2 jours et à
nous la dorade ! Mais au milieu de l'Atlantique, notre vitesse
ralentie a eu raison de la dorade, qui n'est ensuite jamais revenue
tâter du leurre. C'est pas grave William S***** est là !
Au
milieu de l'Atlantique on s'est baigné, avec 4000 mètres de
profondeur, ouais ça en jette quand même ! Et puis y'avait aussi
les douches à l'eau de mer, la crème solaire, les parties de Magic,
les suicides de poissons volants, le kit de survie des copains, la réécriture de chansons, la
guiguitte, la bouteille à la mer, les gerbes d'eau à l'horizon...
Quand
on arrive, on est content de poser le pied à terre, on compare nos
traversées avec les autres navigateurs. Ici tout le monde a traversé et on fait partis des
'transateux', mais enfin, quand même, ON A TRAVERSÉ UN OCÉAN !