mardi 24 avril 2012

Une histoire de fond

Le 18/04/2012 a 3h30 du matin, on se lève pour passer par la rivière salée (les ponts ne se lèvent qu’à 5h du matin). J’appréhende un peu car malgré ma cartographie informatisée, je n’ai pas tout le détail de la rivière. Sur place il s’avère que deux autres voiliers attendent aussi, je les laisse donc passer devant. Avec le soleil qui se lève on arrive au bout de la rivière salée et de sa mangrove sans encombre.

 Ensuite il nous reste une barrière de corail à passer pour atteindre le large, par la passe Colas. On file d’une bouée a l’autre car celle-ci sont très espacées. Je descends jeter un coup d’œil à la nav régulièrement, je fais mon point et je vois qu’il faut vite qu’on aille sur tribord pour éviter un banc de sable, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche pour dire quoi faire que le bateau s’arrête doucement. Nous sommes échoués.

 Je prends un masque et vais voir les fonds, ouf que du sable. Mais quand même, je panique, je force sur le moteur mais impossible de bouger, j’envoie le génois dans l’espoir qu’un peu de gite nous sorte de là, mais non. Bon on prépare l’annexe, j’essaie de tirer le bateau mais rien n’y fait, j’arrive juste a le faire pivoter. Des pécheurs passent et essaient de nous tirer de la avec leurs 115 chevaux, mais toujours rien et là, le bout qui tenait l’annexe se prend dans l’hélice. Je les remercie, je plonge, je coupe le bout et un peu mon doigt au passage. Ensuite je vais jeter l’ancre au loin pour tenter de me haler, mais on bouge toujours pas d’un pouce, je winch, l’ancre accroche et au bout d’un moment impossible de wincher plus, toujours les mêmes étoiles de mer qu’on aperçoit dans les fonds.

 Bon ça fait maintenant une heure qu’on essaie de se dégager sans succès, il est temps de prévenir le cross AG (Antilles Guyane), il est 8h du matin environ :
« Pan-pan, pan-pan, pan-pan, je suis échoué à la position ……. 
 -Tout va bien à bord ? Pas de blessé ? Pas de voie d’eau ? 
 -Tout va bien etc … 
 -La marée basse est dans 1h, si vous attendez la marée haute cela suffira peut être, en attendant on lance des appels voir si une vedette dans le coin peut vous sortir de la 
-Bien reçu »

 Bon je me calme, ressasse mes souvenirs Glenans (que faire en cas d’échouage…). Faire giter au maximum, éventuellement en envoyant une ancre accroché a une drisse etc … Bon avant ca j’essai avec toutes voiles dehors. J’arrive a faire pivoter le bateau au moteur et a me caler au près. J’envoie toute la grand voile, tout le genois et je mets tout le monde a la gite, je borde la grand voile sous le grain qui passe et hop, libération. En quelques mètres on retrouve nos 22m de fond.

 Ensuite je plonge voir si tout va bien sous le bateau, excepté l’antifouling sous le bulbe qui est resté au fond de l’eau, rien à signaler. On passe enfin la barrière de corail, doucement (environ 3 nœuds, puis on part vers Montserrat : fin de la mésaventure… Sirius continue son périple !

1 commentaire:

  1. beau récit d'un moment de crainte. Les images naissent d'elles-mêmes. Et tout finit bien..........
    j'aime les histoires qui finissent bien.
    En route le Sirus pour de nouvelles aventures.
    Bisous à tout l'équipe
    Sylvie MAmCha

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